Après avoir racheté la Société de Ouaco, Henri LAFLEUR se lance dans l’activité minière sur les massifs de Ouazanghou puis sur celui de Taom en 1969, exploitant des concessions de la SLN. La plupart des familles qui étaient installées dans le village et travaillaient dans l’élevage y restèrent en s’adaptant à la nouvelle vocation du site. C’est donc là que la SMSP s’est constituée en 1969 lorsque la famille LAFLEUR a souhaité faire appel à de nouveaux actionnaires. Elle a été rachetée, ainsi que l’ensemble du village, par la SOFINOR en 1990, après la signature des Accords de Matignon, et a poursuivi l’activité d’extraction au profit de la SLN et de clients étrangers à l’exportation.
LE RACHAT DE LA SMSP PAR LA SOFINOR
• Un petit mineur fragile
Lors de son rachat (85% du capital) par la SOFINOR, la SMSP est un « tâcheron » dépourvu de domaine minier dont l’activité consiste à exploiter, moyennant le paiement de redevances, des gisements appartenant à la société Le Nickel (SLN). Sur le plan commercial, ce premier handicap est aggravé par une absence de canaux directs de vente obligeant l’entreprise à verser des commissions à des intermédiaires (traders) et aux sociétés exportatrices locales pour livrer le minerai ainsi produit à des fondeurs japonais. Cette situation engendre un prélèvement global de près de 20% de son chiffre d’affaires. Rentable en temps de « boom », l’entreprise est vouée au dépôt de bilan à la première chute durable des cours du nickel au London Metal Exchange (LME). En 1990, la SMSP dégage un chiffre d’affaires de 1.2 milliard F CFP en exportant 309 000 tonnes de minerai. Elle ne disposait alors que de trois ans de réserves minières et employait 120 personnes pour les livraisons à la SLN et pour l’exportation.
• La conjoncture économique : la récession
Les premières années de la décennie 90 sont marquées par la chute des cours mondiaux du nickel au LME. Ceux-ci passent d’une moyenne de 4 US dollars la livre en 1990 à 2,4 US dollars la livre en 1994. Corrélé à un dollar faible et à une chute de la demande, le prix de vente de la tonne de minerai devient bien inférieur à son prix de revient. Tous les facteurs de mévente se cumulent générant une situation très défavorable pour tous les professionnels de la mine. Pour survivre dans cet environnement économique hostile, la SMSP développe, dès sa reprise, une stratégie d’assainissement, de consolidation et de développement.
STRATEGIE DE RESTRUCTURATION ET DE DEVELOPPEMENT
• Développement des relations commerciales
La stratégie de l’entreprise est de développer et trouver de nouveaux clients tout en réduisant les commissions des intermédiaires commerciaux. Dès 1991, la SMSP s’assure des canaux directs d’exportation vers les fondeurs. Progressivement, les commissions accordées aux intermédiaires (traders et sociétés exportatrices locales) sont supprimées. Corrélativement, la SMSP instaure un climat de confiance avec les fondeurs par la fourniture de minerai de qualité et la signature de contrats à long terme.
• Constitution d’un domaine minier
La stratégie de la SMSP est de se constituer son propre patrimoine minier et de pérenniser ses relations commerciales ainsi que sa politique d’investissement en mettant à jour des réserves minières. L’entreprise acquiert systématiquement les mines qu’elle exploite. Le service de la dette est alors compensé par la disparition des redevances d’amodiation. Fruit d’un important programme de prospection, 20 millions de tonnes de réserves exploitables sont mises à jour. Actualisées chaque année, elles permettent de pérenniser la production sur une décennie. Afin de sauvegarder sa ressource, la SMSP renonce à écrémer ses gisements et cesse ses ventes de minerai à des teneurs élevées (2,8% Ni) à la SLN.
• Modernisation des équipements
Avec la création de la société Nord Industrie Service (NIS) en 1991, la SMSP se dote d’une filiale consacrée à l’achat, la commercialisation et la maintenance d’engins industriels. Cette installation permettra une meilleure utilisation du parc d’engins et une réduction des besoins en sous-traitance. Ainsi, le parc d’engins sera largement renouvelé en même temps que s’instaurera une gestion rationnelle des approvisionnements.
CONSOLIDATION ET CROISSANCE
• Le tâcheron a grandi
A la fin de l’année 1994, le cours du nickel au LME amorce un redressement, entraînant une augmentation de la demande globale. Ayant anticipé cette reprise du marché, la SMSP possède suffisamment de réserves et la capacité technique de répondre au fort accroissement de la demande. L’entreprise monte en production jusqu’à doubler son volume d’exportations entre 1994 et 1995. La SMSP passe alors la barre des 2 millions de tonnes exportées, permettant ainsi au nickel calédonien de regagner 50% des parts du marché japonais et 66% du marché australien des latérites. A cette date, l’entreprise exporte l’équivalent de 40 000 tonnes de nickel métal contenu dans du minerai et 750 tonnes de cobalt par an.
• Une entreprise minière reconnue
Au terme de l’année 1995, l’entreprise a multiplié par sept son niveau d’exportation de 1990. La SMSP devient alors le premier exportateur de minerai de Nouvelle-Calédonie. Le volume de ses exportations place alors l’entreprise au second rang mondial pour la production de minerais oxydés. Son activité génère environ 1000 emplois directs et indirects. Elle exploite des centres miniers tant sur la côte Est que sur la côte Ouest de la Grande Terre.
• Des relations commerciales satisfaisantes
Sur le plan commercial, la SMSP parvient à instaurer des relations de confiance avec les fondeurs. Les fondeurs japonais garantissent dorénavant un prix d’achat équivalent à 25% du prix de référence de la livre de nickel fixé au LME. Le client australien, en situation de monopole pour l’achat de minerai latéritique, ne paie en revanche que 10% de la valeur fixée au LME.
MUTATION ET RECHERCHE DE PARTENARIATS INDUSTRIELS
La SMSP s’engage dans une nouvelle ère à travers sa mutation de mineur vers un statut de fondeur. Pour donner une nouvelle vie à son patrimoine minier, la SMSP prend des participations majoritaires dans des actifs miniers et métallurgiques.
• Les limites de l’exploitation minière
La SMSP est certes un outil économique puissant pour la province Nord et pour toute la Nouvelle-Calédonie mais l’exploitation minière reste insuffisante pour assurer un décollage économique de la région et arrêter l’exode de la population vers Nouméa. Avec ses centres dispersés (et éphémères par nature) l’industrie minière seule ne peut créer le pôle urbain qui permettrait d’instaurer une dynamique économique propre à la province Nord.
• La recherche de partenaires industriels
La SMSP engage, en 1994, une recherche de partenariat en direction des principales sociétés métallurgiques mondiales. Si le savoir-faire minier et la ressource sont présents en Nouvelle-Calédonie, aucun mineur calédonien ne possède la technologie et les moyens financiers suffisants pour devenir, à lui seul, métallurgiste. La SMSP trouve dans Falconbridge, alors numéro trois mondial, un métallurgiste dont l’expertise technologique n’est plus à démontrer. Disposé à établir des co-entreprises avec des partenaires locaux, le géant canadien se déclare intéressé par la constitution d’une « joint-venture » avec la SMSP. C’est le début d’un partenariat qui sera officialisé en avril 1998 par André DANG VAN NHA et Oyvind HUSHOVD.
• Un partenaire de poids
Falconbridge est alors l’un des premiers producteurs de nickel, de cuivre, de cobalt et de platinoïdes à coûts opératoires très compétitifs. C’est également l’une des plus grandes sociétés de recyclage et de transformation de matières métallifères au monde. Un des engagements forts de Falconbridge consiste en la réalisation d’exploitations rentables, pérennes, sécurisées et respectueuses de l’environnement dans l’intérêt des communautés concernées, de ses employés et de ses actionnaires.
• Un accord de partenariat équilibré
La SMSP détient 51% du capital de la co-entreprise KNS. Il apporte le gisement du Koniambo, son expertise professionnelle et son implantation locale. Son partenaire détient 49% du capital, amène les études de faisabilité et se porte garant du financement du projet et de la bonne fin d’exécution de la construction.
Cette décennie aura été marquée par la finalisation des deux partenariats, les démarches administratives et institutionnelles et le lancement des grands travaux de construction des deux usines notamment l’usine du Nord localisée à Vavouto et l’usine de Gwangyang en Corée. Cette période est déterminante dans la vie de la société SMSP, qui non seulement marque l’achèvement des travaux de construction mais surtout la mise en production et l’inauguration de ces deux usines métallurgiques.
• Finalisation des accords, changement de partenaires et révision des coûts pour l’usine Onshore
En août 2006, Xstrata Nickel devient le nouveau partenaire du projet Koniambo après absorption de Falconbridge. En septembre, les partenaires entament une phase de renouvellement des accords incluant la révision des coûts, la redéfinition de la stratégie et le calendrier d’exécution. Après examen et validation des conclusions du rapport final de la phase de renouvellement par les deux conseils d’administration des deux partenaires, ces derniers ont procédé le 27 décembre 2007 à la signature de l’accord du projet avec l’annonce d’un montant d’investissement de 3,8 milliards de dollars US, révisé en 2011 à 5 milliards de dollars US. En février 2008, l’Etat français a octroyé la décision d’agrément fiscal, conformément au dispositif d’aide fiscale à l’investissement outre-mer (dit «Loi Girardin»). En mai 2013, un mois après la célébration de la 1ère coulée de métal de l’usine du Nord, Glencore PLC devint le nouveau partenaire de SMSP en remplacement de Xstrata à la suite de la fusion Glencore/Xstrata. En août 2014, une nouvelle augmentation des coûts est annoncée portant le coût du projet à 7 milliards de dollars US.
• Création des filiales et transfert des titres miniers pour l’usine Offshore
A la suite de la signature d’un MOA par POSCO et SMSP en février 2006, les deux partenaires ont procédé à la création de deux sociétés, à savoir NMC, société minière basée en Nouvelle-Calédonie, et SNNC, société de construction et d’exploitation d’une usine métallurgique basée en Corée du Sud. En octobre 2007, l’Assemblée de la province Nord autorise le transfert des titres miniers de la SMSP à NMC. L’opération fera également l’objet d’un arrêté du Gouvernement de la Nouvelle Calédonie en date du 22 janvier 2008 permettant le transfert des actifs SMSP sans imposition des plus-values. La construction de l’usine de Gwangyang, achevée en octobre 2008, représente un coût de 352 millions USD. Trois ans après l’entrée en production de l’usine en Corée, POSCO et SMSP décident, en août 2011, de procéder à l’extension de la capacité de production de cette usine. Les nouvelles installations permettent à SNNC d’augmenter sa capacité de production annuelle qui passe de 30 000 à 54 000 tonnes de nickel métal contenu dans des ferronickels.
• Lancement et achèvement des grands travaux de construction
Les travaux de construction de l’usine de Gwangyang sont lancés en juin 2006. L’usine s’est construite sur le complexe industriel de POSCO qui possède toutes les infrastructures nécessaires et notamment un port international, une centrale électrique, des routes et des convoyeurs terrestres, ce qui permet de réduire significativement les coûts d’investissement. L’usine de la Société du Nickel de Nouvelle-Calédonie et Corée (SNNC), dont la SMSP détient 51% du capital, est construite en moins de 30 mois. Son entrée en production, le 20 octobre 2008, marque ainsi l’entrée de la SMSP dans le domaine réservé de la métallurgie. L’usine de Gwangyang est officiellement inaugurée le lundi 3 novembre 2008. Elle atteint sa capacité nominale une année plus tard en octobre 2009.
Concernant le projet KNS, les partenaires procèdent, en mars 2007, au lancement des premiers travaux de construction visant les travaux préparatoires dont l’accès au site, la viabilisation du site (approvisionnement en eau, énergie, etc.), les bureaux de construction, et la phase 1 de la base-vie. Les travaux de dragage du chenal de Vavouto sont entamés en aout 2008. Les travaux de construction de la 1ère ligne de production sont achevés en décembre 2012 et KNS célèbre la première coulée de métal en avril 2013. Les travaux de construction de la seconde ligne sont également achevés et une première coulée de métal est observée en février 2014. L’usine du Nord est inaugurée le 17 novembre 2014 par Monsieur François HOLLANDE, Président de la République Française. Installée près de Koné, chef-lieu de la province Nord de la Nouvelle-Calédonie, l’usine du Nord est le principal moteur de développement provincial et offre aux communautés locales d’exceptionnelles opportunités de construire leur propre avenir, celui de la province Nord et de l’ensemble du Pays. Au pic de la phase de construction, environ 5.400 travailleurs œuvrent sur le chantier. En phase d’opération, KNS aura créé 907 emplois directs, 450 emplois indirects (sous-contractants sur site) et quelque 2.500 emplois induits. 80% des employés de KNS sont calédoniens. La construction de l’usine du Nord a déjà généré un développement économique significatif pour la province Nord en général, et pour la région VKP (communes de Voh, Koné et Pouembout) en particulier, et ce, comme en témoigne les constructions résidentielles et commerciales ainsi que les initiatives de développement communautaire et récréatif.
• Nouveau partenariat avec le numéro 1 chinois
En février 2012, Paul NEAOUTYINE, le Président de la province Nord, et André DANG, le PDG de la SMSP, rencontrent, à Sydney, le patron du groupe Jinchuan, Yang ZHIQIANG, accompagné de sa délégation. Les échanges ont porté sur la naissance d’un accord de partenariat permettant de valoriser le minerai latéritique calédonien. Les négociations avancent et le projet semble sur de bons rails. « Le marché est là-bas » expliquait l’élu indépendantiste lors de sa descente de l’avion. Le projet prévoit que la SMSP et Jinchuan, le numéro un chinois du nickel, du cuivre et du cobalt, troisième producteur mondial d’« or vert », forment un partenariat industriel et commercial par l’établissement de deux co-entreprises respectivement en Nouvelle-Calédonie et en Chine, toutes deux contrôlées à hauteur de 51% par la SMSP et à 49 % par Jinchuan. Début 2013, la SMSP et le groupe chinois Jinchuan constituent la co-entreprise minière basée en Nouvelle Calédonie, Caledonian Chinese Mining Company SAS (CCMC), détenue à 51% par la SMSP et ayant pour objet toutes opérations relatives à l’activité minière.