Ce samedi 28 novembre, le groupe SMSP et ses filiales commémoreront les 20 ans du crash survenu le 28 novembre 2000 au lieudit Chefao à la tribu de Kouergoa dans la commune de Thio.
Sept personnes décèdèrent dont l’état-major de la SMSP : Raphaël PIDJOT PDG de la SMSP, Jean-Pierre LAPOUS Directeur Général, Jean-Pierre GASTALDI Directeur Technique, Régis VIVIER Directeur Financier, Jean-Marc DALMASSO Pilote SMSP ; Pierre THOLLOT et Robert GARDINER de Falconbridge. Une perte tragique alors que le projet n’est qu’à ses débuts.
20 ans après, le crash est encore dans les mémoires. Surtout, les salariés du groupe n’oublient pas, et ont à cœur de faire perdurer ce qui est pour eux plus qu’un devoir : c’est une partie de l’énergie et de la vision qui les animent au quotidien dans leur travail.
Ainsi pour les 20 ans de la commémoration, le groupe et ses filiales ont monté le Comité WIDJÈ 28 Novembre et, avec l’Association Widjè de la tribu de Kouergoa, organisent avec une attention particulière et intense ce moment de recueillement.
Nous avons rencontré Alphonse WENENINA, membre du Comité WIDJÈ 28 Novembre et salarié Koniambo Nickel. Il est à l’initiative d’un projet musical à la mémoire de ceux qui sont partis et pour les oreilles attentives de ceux qui restent. Ils ont enregistré le samedi 24 octobre, 4 chansons. L’album est sorti le jeudi 19 novembre.
Rencontre avec Alphonse WENENINA – Pilote de l’initiative.
« Même si c’est tout seul mais j’y vais. »
Alphonse entre sur le site de Vavouto (Koniambo Nickel) en 2009 pour un sous-traitant et intègre Koniambo Nickel en 2014. Il apprend l’histoire de l’entreprise et de ce crash tragique. Il est touché, concerné et participe depuis, chaque année, aux commémorations.
Cette année, lorsqu’il intègre le Comité WIDJÈ 28 Novembre, il propose aux membres une idée, la réalisation d’un morceau de musique pour la commémoration. Auteur-compositeur, la musique fait partie du quotidien d’Alphonse. Sans faire de promesse, il fait le tour de son entourage musical, autres musiciens, chanteurs, compositeurs et trouve rapidement son équipe, et notamment Jeanne WAIMO, travaillant à la SMSP depuis 2019. L’idée devient projet !
Le projet – De quoi s’agit-il ?
Avec une certaine émotion, Alphonse explique le souhait de réaliser un morceau. Mais ce sont finalement 4 morceaux qui émergent au sein du projet, chacun ayant une signification particulière.
Le groupe et l’organisation
L’initiative regroupe environ 20 artistes, auteurs-compositeurs, mais également soutiens autour de la réalisation de ces morceaux.
Si l’idée est née en début d’année, elle est mise sur la table lors de la première réunion du Comité WIDJÈ 28 Novembre du groupe SMSP. Et les premières paroles sont couchées sur papier en août, tout en rassemblant les autres morceaux et les artistes.
Une organisation et du temps consacrés sur les week-ends, sur des jours de congés et sur le temps libre. Un investissement qui est à la hauteur de la vision qui est portée, celle de ceux qui sont venus avant.
« 28 novembre »
Ecrit en 2013 à Kawipa par le site NMC de Kouaoua, il a été volontiers « redonné » par les salariés afin de contribuer au projet 2020. On retrouve la solidarité des salariés du groupe et le sentiment commun de se sentir concerné.
« Widjè »
C’est le nom de l’Association qui organise chaque année la commémoration au sein de la tribu de Kouergoa, mais c’est bien plus. « Widjè » en langue Xârâcùù signifie « Pourquoi », et pour Alphonse, cette signification a eu une résonance particulière. Ecrit avec Ludovic LEVY, Alphonse explique : « Quand on a commencé à écrire le morceau, ce « pourquoi » nous a interpellé. Pourquoi ce crash, pourquoi ces hommes, pourquoi ce lieu ? etc ». Il explique par ailleurs que le lieu-dit « Chefao » où s’est produit le crash signifie « Le lieu d’où on tire le fer ». Pour lui c’est évident, c’est le lieu d’où on tire la force. C’est donc à la fois un lieu de recueillement mais aussi un lieu de renaissance, un lieu pour se ressourcer.
Et ce morceau c’est aussi un symbole de diversité, plusieurs styles ont été mélangés : le kaneka des Iles, le kaneka du Nord (le 4 temps) et le nouveau style de kaneka que le Nord a créé (Djareb).
La signification du projet : Travailler et vivre ensemble
« On a créé ce petit collectif d’artistes pays, c’était pour suivre cette vision de Raphaël PIDJOT qui nous a montré dès le début qu’on pouvait travailler ensemble. Nos grands frères, comme Miguel Ate, nous le rappellent souvent : peu importe nos couleurs, on est enfants du pays, on est amené à travailler ensemble et à vivre ensemble. Et l’équipe de Raphaël, celle qui est tombée à Kouergoa, c’était ces valeurs de travailler et vivre ensemble qu’ils portaient : il y avait un kanak, un javanais, un blanc etc. Aujourd’hui, on se cherche encore, il y a des exemples devant nous mais on ne les voit pas. On ne prend pas de recul. Et ce moment pour les 20 ans du crash, c’est précisément le moment de se rappeler cette vision. »
« Moi je suis »
Ecrit par Numa HENESEWEN, ce morceau parle de notre façon d’être de regarder l’horizon, en oubliant souvent l’essentiel, nos racines… Par la musique, il s’agit de nous rappeler qu’on est ici sur terre, dans notre individualité, mais on a besoin de l’autre pour exister. Les paroles de la fin « moi je suis toi et toi tu es moi » est un appel à marcher ensemble.
« Raphaël »
De LEXIS. Le morceau original avait été écrit en 2000 en mémoire de Raphaël PIDJOT justement. Il a été repris et adapté par le groupe d’Alphonse.
Les membres et soutiens du groupe
- Jacob POAMENO dit Ako
- Ingrid WAMYTAN (AUCHER)
- Kaïnda WHAAP dit Jeff
- Jeanne WAIMO (HUE)
- Geoffrey UNË
- Bryan WAMALO (on avait les chansons, les mélodies) – Créer le support, mettre sur audio et les envoyer. Musicien. Là où Alphonse est auteur compositeur – Il a envoyé le premier jet de la partie technique.
- Jessica OUTHEMECK
- Kameango UNË
- Düi
- Les autres membres et soutiens du groupe portent cette vision : Williams WELEPANE, Ismaël DOUNEZECK, Albert KAKUE, Johan UJICAS, Bryan WAMALO, Miguel WAMALO et bien d’autres encore…
Le quotidien de travail des salariés de toutes les filiales est bien sûr rythmé par l’atteinte des objectifs et la réalisation du travail demandé. Mais il semble important à l’occasion de cette commémoration de rappeler que nos efforts viennent continuer un travail fait avant, et comme l’indique Alphonse, sur un lieu « pour lequel des gens sont tombés ».
Retourner à Kouergoa chaque année, c’est un devoir de mémoire mais c’est aussi un moment de partage et permettre à chacun de trouver sa réponse au « pourquoi » que chacun peut se poser.
Alphonse insiste : « Nous avons tous notre place, en tant qu’enfants du pays ; et là-bas, c’est un moment pour que chacun trouve sa place ».
Nous invitons tous les salariés des filiales de la SMSP, NMC, SNNC, Cotransmine et Koniambo Nickel à se rapprocher de leurs comités d’entreprises pour connaître les modalités d’inscription à l’évènement de commémoration. Des navettes seront mises en place pour vous permettre de rejoindre les lieux.
L’Association Widjè et la tribu de Kouergoa, qui entretiennent un lien indicible et familial avec le groupe SMSP et ses filiales, vous accueilleront le 28 novembre au sein de la tribu avant de rejoindre le lieu-dit Chefao.