Irène BEMARON, capitaine de remorqueur

Au tout début, quand j’ai commencé comme capitaine, parfois des matelots ne voulaient pas monter sur le bateau parce que le capitaine était une femme.

Irène BEMARON

Originaire de Kouaoua, et intermitente pour la Cotransmine, Irène BEMARON est la première femme capitaine 200 du territoire.

A 44 ans Irène a bousculé beaucoup de certitudes dans le monde très masculin de la mer et de la navigation professionnelle.

Deux vies dans une seule : Femme, mère et capitaine de remorqueur !

Irène est une femme surprenante, elle dégage un mélange de détermination et de calme. Ses yeux sont sûres et son   regard aiguisé, cela ne l’empêche pas d’être souriante et naturellement accueillante. 

Entre vocation et nécessité, Irène décide de passer son Certification d’initiation nautique (CNI) en 2005. Elle a toujours eu envie de travailler avec la mer, sur la mer, en mer. Et désormais seule, elle doit assurer pour ses deux enfants. Elle obtient cette année là son certificat et devient matelot. Elle souhaiterait travailler dans la pêche. Mais à l’époque on lui dit que les femmes ne font pas de pêches. Elle cherche donc dans le commerce.

Elle commence à travailler pour la SORECAL, une société de remorqueurs de Nouméa. A l’époque, l’un des directeurs la voit tous les jours tirer les lourdes aussières.  Il l’encourage alors à passer capitaine. Irène, motivée, se lance et obtient en 2007 son Capitaine 200 (qui l’autorise à exercer les fonctions de capitaine sur les navires d’une jauge brute inférieure à 200UMS).

Toujours décidée à faire de la pêche, elle part travailler pour les pêcheries de Koumac à plus de 4 heures de chez elle. Au bout de 2 ans d’un rythme effréné et ses enfants restant à Kouaoua, elle décide de se tourner vers le chalandage pour les mineurs. Elle revient donc à Kouaoua où elle commence à assurer le chalandage de minerai.

Être une femme dans ce monde maritime et minier?

« Minier pour moi ça ne fait pas de différence, nous les capitaines comme les matelots nous sommes des gens de mer. Et sur mer, être une femme n’était pas évident au début. En tant que Capitaine les matelots me demandaient souvent si ça faisait longtemps que je faisais ça, ils avaient du mal à faire confiance.

Maintenant, je les connais tous, et certains sont même venus s’excuser. Et les nouveaux qui arrivent sont plutôt impressionnés, ils me posent la question mais plus parce qu’ils sont admiratifs. Les choses évoluent. »

En quoi votre parcours est un exemple…

« Un exemple je ne sais pas, mais faire ce qu’on a envie. Et je suis fière parce que justement c’est plutôt un métier d’homme à la base. Mais je l’ai fait. Ma famille m’a soutenue et ils sont fières aussi.

Et en plus depuis l’année dernière, il y a une autre capitaine, une femme, elle vient de Nakéty. On est 2 sur le territoire désormais. La voie est ouverte. »

Vous avez un succès professionnel que vous souhaitez partager ?

« Ce n’est pas vraiment un succès, mais avec les équipes quand on commence un chargement, on se donne toujours comme défi de le faire en 7 jours, pas plus. Et là on se dit qu’on a la paie d’un mois en 7 jours. Le rythme est intense, très tôt le matin jusque tard le soir, le travail est fatigant, mais c’est notre défi à nous ! »