Comité WIDJE 28 Novembre… est né


Lors de sa deuxième réunion à la tribu de Kouergoa le vendredi 26 juin dernier, le comité d’organisation de la commémoration du 28 Novembre 2020 a décidé de donner le nommer Comité WIDJE 28 Novembre. Une première réunion a été convenue au siège social de la SMSP au cours de laquelle Sarah Manzanares a accueilli au nom de la SMSP, l’ensemble des membres des CE présents incluant des représentants de Koniambo Nickel, de NMC et de Cotransmine. L’objectif est de rassembler l’ensemble du personnel de la société et de ceux de ses filiales afin de commémorer dans l’unité cette date incontournable pour la SMSP.

L’évènement. Le lundi 27 novembre 2000, 7 personnes, dont l’ensemble de l’état-major de la SMSP ont trouvé la mort dans un accident d’hélicoptère au lieu-dit Chefao. Les victimes sont : Raphaël PIDJOT PDG, Jean-Pierre LAPOUS Directeur Général, Jean-Pierre GASTALDI Directeur Technique, Régis VIVIER Directeur Financier, Jean-Marc DALMASSO Pilote SMSP; Pierre THOLLOT et Robert GARDINER deux consultants du Groupe Canadien Falconbridge. 2020 marquera les 20 ans de l’accident.

En tant qu’initiatrice de cette démarche Sarah, pourquoi ce projet commun ?

« Petite, moyenne ou grande entreprise, le comité WIDJE 28 Novembre était la solution appropriée pour réunir l’ensemble des CE des filiales et permettre de discuter sur la journée commémorative et les projets annexes;  de partager la vision de chacun et de coordonner nos actions.

Ce comité facilite le travail d’équipe, permet de renforcer la solidarité des membres ; de diffuser la communication de manière rapide et régulière ; de participer aux décisions et surtout de partager les initiatives de chacun. Nos rencontres sont un réel plaisir ; notre comité offre aux collaborateurs une capacité d’expression autour d’un but commun, de trouver des solutions avec les mêmes objectifs.

Effectivement, ce comité voit le jour pour les 20 ans de la commémoration de la perte de nos dirigeants et de certains collaborateurs mais notre volonté est de s’inscrire dans la durabilité de nos actions. Pour SMSP, c’est un symbole fort, un  lieu de partage d’idées et d’actions pour honorer notre histoire et rendre hommage à nos piliers. »

La tribu de Kouergoa fait partie intégrante de ce comité. Roger THEVEDIN, Chef coutumier de Kouergoa mais également Président du Conseil des chefs de l’aire Xaraccu explique les raisons pour lesquels la tribu continue d’honorer cette commémoration au fil des ans.

« Je travaillais à Nord Industries Services dirigée par Monsieur Raphaël PIDJOT. Pour moi c’était un grand bonhomme qui avait le pouvoir de changer le pays. » Emu, il rajoute, « il a choisi de venir se tuer à la maison. C’est comme si la tribu l’a accueilli au moment de son départ de ce monde. J’ai toujours souhaité que la tribu respecte cette date. Il ne faut pas oublier. C’est une responsabilité qui repose sur les épaules de cette tribu aujourd’hui et dans les années à venir. Nous avons rencontré la famille PIDJOT, notamment Lucien PIDJOT, le frère de la victime, lors de la coutume pour ramener l’esprit de Raphaël à Conception. La parole qui a accompagné cette coutume était de libérer et de lever le fardeau de cette commémoration qui pesait sur la tribu de Kouergoa. Nous avons accepté cette coutume, mais la parole a été reformulée puis échangée. Notre tribu continuera d’honorer cette date tous les ans. C’est une responsabilité que nous portons aujourd’hui, mais que nos enfants et nos petits-enfants continueront de perpétuer à l’avenir. Raphaël a donné sa vie pour les kanaks. Il ne faut pas oublier. Et Kouergoa ne veut pas oublier cela ».  

Roger THEVEDIN explique que cette coutume a été exécutée par le Chef KAENADI (décédé) propriétaire du lieu du crash. Par ailleurs il donne la signification du mot « Chefao », qui veut dire « qui attire la ferraille » ainsi que le mot Widjè qui pose la question « Pourquoi ? ».

Simon KAGNADY est originaire de la tribu de Kouergoa, où il travaille au champ. Ce jour du 28 Novembre 2000, il s’en rappellera à jamais. Il était chez lui quand il entendit une grosse détonation. Le lendemain matin, il est appelé sur les lieux de l’incident et constate avec effroi dans une scène apocalyptique l’ampleur du désastre et des pertes humaines. Tout est balisé par les gendarmes, impossible de pouvoir s’en approcher mais les images restent ancrées dans sa mémoire. Cet évènement a marqué à jamais sa vie ainsi que celle de toute sa famille. Ainsi, pendant 14 ans, il arpentait ce sentier qui mène à la crête du site de l’accident en guise de pèlerinage, accompagné de sa femme et de ses 6 enfants, pour y camper et s’y recueillir durant le weekend, entretenant ainsi les lieux avant de redescende le dimanche pour ramener les enfants à l’école. Il a ainsi participé aux travaux de réhabilitation de la route menant au site de recueillement. Et avec une certaine émotion il conclut : « En tant qu’être humain, il y a des images que la mémoire peut difficilement contenir sans haine. La question reste pourquoi…? » Le temps reste le bon compagnon sur le chemin de guérison.

Miguel ATE, vient de la tribu et chefferie de Bwerawa  et issu du clan Pime, « un clan des guerriers » à Canala. Miguel est depuis le jour de l’accident, un fidèle et fervent participant et organisateur de l’évènement.

Miguel explique : « Durant les 3 premières années, il n’y avait pas d’organisation commune pour cette commémoration. Cela a commencé depuis 2005. Les différents CE des filiales SMSP ont fait la démarche auprès de leur direction respective pour faire reconnaître cette journée comme un jour de deuil SMSP, devenu pour un temps un jour férié.  Pour moi c’est un pèlerinage annuel. Oui, j’ai un profond respect pour cette équipe partie trop tôt. Au sortir des accords de Matignon et Oudinot, cette équipe incarnait l’image du destin commun. Avec un kanak à la tête, deux caldoches, deux métropolitains et deux canadiens. Ils incarnaient non seulement la modernité, mais aussi l’efficacité, une certaine expertise, voire l’espoir d’un lendemain maitrisé. Parce que le crash de l’hélicoptère fait partie intégrante de l’histoire de la SMSP. »

Et Sarah de conclure : « Je profite de cet espace de parole, pour remercier la mobilisation de tous les acteurs de ce comité, ainsi que nos collaborateurs des filiales. »