Jean-François, 37 ans, est actuellement grutier intermittent à Cotransmine sur le centre de Nakéty.
Ce passionné de pêche, originaire de Canala a précédemment travaillé comme matelot au sein du GIE Mitewa, puis avait évolué vers le poste de mécanicien 250.
En novembre 2011, il décide de travailler pour la Cotransmine comme homme de chaine intermittent. Il est préposé aux opérations de chargement en tant que guide du grutier à la mise à bord du minerai des chalands au minéralier. Il est en quelque sorte « les yeux du grutier ». En effet, ce dernier, du haut de sa grue, n’a aucune visibilité sur l’emplacement précis de la barge pleine de minerai qui est accostée le long du minéralier. C’est donc l’homme de chaine qui, grâce à une communication gestuelle, indique au grutier où diriger le crapaud de la grue, où l’ouvrir et où le refermer avant de le lever pour aller le verser dans la cale du minéralier.
Le métier le passionne et la société l’inscrit à une formation de grutier intitulée « Conduite et utilisation en sécurité des grues à bord » dispensée par Formation NC, qu’il obtient en mai 2019.
Cette formation sur deux jours vient renforcer et officialiser ses connaissances grâce à l’acquisition des bases fondamentales de l’utilisation d’une grue et l’assimilation des règles et dispositifs de sécurité.
Car dans ce métier, l’expérience est aussi importante que la qualification. Les postes de grutiers sont généralement confiés à des ouvriers expérimentés à la vie de chantier, et capables d’anticiper les risques. Seul, perché là-haut, et bien que solitaire à première vue, le grutier fait partie d’une équipe, et ses actions engagent la sécurité des ouvriers présents au sol. Vigilant et observateur, il doit être capable d’établir un état des lieux rapide du chantier, et d’anticiper les mouvements de ses collègues. Lorsque Jean-François manipule plusieurs tonnes de matériel dans les airs, il faut avoir le sens des responsabilités, des nerfs d’acier, et ne prendre aucun risque inutile. (Têtes brûlées s’abstenir !).
Très réactif et vif d’esprit, il doit pouvoir suivre les directives à distance des ouvriers et hommes de chaine, en situation de mauvaise visibilité. Un sens aigu de la coordination et de l’orientation dans l’espace est vital dans la manipulation des charges de minerai, et bien évidemment, il ne faut pas être sujet au vertige !! Il faut également supporter le travail en extérieur et ses inconvénients (chaleur, froid, intempéries…). Le grutier travaille plusieurs heures dans une cabine, dans des conditions peu confortables (espace restreint, absence de sanitaires…).
Les intermittents tels que Jean-François ne travaillent qu’en périodes de chargement qui peuvent durer de 5 à 11 jours par chargement, à raison d’un chargement par mois en moyenne. Cette durée dépend des conditions météorologiques et la capacité du minéralier. Le rythme est alors soutenu et les journées s’étalent de 4h à 20h, ainsi la plupart des intermittents dorment sur le minéralier pour gagner du temps. « Le travail est assez physique et les horaires sont décalés, mais j’aime le contact avec la mer et les bateaux », confie Jean-François.
Lorsqu’un problème survient sur une grue, il en informe le « shipper » (superviseur de chargement) qui le relaie au capitaine du navire. « Quand on fait face à des difficultés, il faut faire en sorte que tout s’arrange afin de ne pas retarder le chargement et qu’il se fasse sans casse ». Une fois le chargement terminé, Jean-François profite alors pleinement de sa famille et de la vie en tribu. Grâce à son expérience acquise sur le tas, Jean-François tient à présent à transmettre son savoir à la jeune génération.