Byung-Ho LIM est originaire de la Corée du Sud et fait partie des 3 salariés coréens que compte NMC, sur un effectif total de 665 salariés (au 30 juin 2018). Il est titulaire d’un MBA obtenu aux Etats-Unis. Il a rejoint POSCO depuis plus de 12 ans pour occuper des postes à responsabilités notamment au sein du Département des matières premières. Depuis le 7 mars 2018, il occupe le poste de Vice-Président Administration et Finance à NMC, également en charge des ventes et des systèmes d’information de cette société minière, issue du partenariat SMSP/POSCO.
C’est avec un sourire bienveillant que Byung-Ho LIM, nous a accueillies dans son bureau n°3 situé au 1er étage de l’immeuble Carcopino 3000. Après sept mois d’affectation en Nouvelle-Calédonie au sein de NMC, nous avions voulu recueillir ses premières perceptions de la société. L’occasion pour ce dernier de nous livrer ses points de vue sur le marché international de nickel.
Byung-Ho LIM nous explique : « Depuis le 4ème trimestre 2013, je participe aux projets SNNC et NMC. Aujourd’hui je suis Vice-Président de NMC. Mais avec Didier, je voudrais contribuer à faire plus de progrès afin que NMC puisse être équipée pour faire face à tous les défis qui se présentent à elle, sans l’aide ni l’intervention des deux actionnaires. Avant mon arrivée ici, depuis 2006, j’étais Responsable des achats de ferraille de nickel, du ferro chrome et d’acier inoxydable au sein du Département des matières premières de POSCO. J’étais d’ailleurs affecté au Département des matières premières, dans l’une de ses filiales, une usine de fabrication d’acier inoxydable à Zhangjiagang en Chine. » Le Département des matières premières traite et suit au quotidien les tendances du marché, notamment les informations sur l’offre et la demande qui réglementent le prix du nickel.
Com SMSP : « Que pouvez-vous dire de la situation actuelle du marché du nickel: prix, stocks, rôle de la Chine en tant que premier consommateur et autres ? »
BHL : « Le marché s’attend à une pénurie de nickel. La demande de batterie de voitures électriques croît de façon rapide »
« Au LME le prix du nickel a récemment baissé suite à la guerre commerciale que se livrent les États-Unis et la Chine. Si cette guerre se poursuit encore longtemps, elle peut avoir un impact important sur l’économie réelle mondiale. C’est la raison pour laquelle de nombreuses entreprises ont décidé de réduire leurs investissements dans le secteur des métaux, y compris le nickel. J’espère que les États-Unis et la Chine pourront trouver une solution lors de la réunion prévue ce mois-ci entre leurs deux présidents. »
En effet, depuis janvier 2018, nous assistons à une guerre commerciale d’ampleur croissante entre la Chine et les États-Unis. Aujourd’hui cette guerre des tarifs porte atteinte à la croissance économique mondiale, qui se nourrit des échanges commerciaux à travers la planète, et ne cesse d’amplifier l’incertitude et l’attentisme des entreprises.
BHL : « Concernant l’environnement économique mondial, le marché du nickel lui-même semble solide. Si l’on observe la demande, les besoins de l’industrie de l’acier inoxydable augmente chaque année de façon stable. Et la demande pour le marché des batteries pour voitures électriques croît de façon rapide. Par conséquent, je pense qu’il y aura une forte demande de nickel sur le long et moyen terme. En ce qui concerne l’offre, en raison du prix bas au LME, on peut observer que les nouveaux projets de nickel ont été limités, à l’exception des projets de NPI Indonésiens.
Sur la base des raisons évoquées ci-dessus, je pense que le marché doit s’attendre à une pénurie de nickel jusqu’à ce que de nouveaux projets fassent leur entrée sur le marché et ne comblent le déficit prévu. Mais il faudra bien compter au moins 4 à 5 ans avant de voir se réaliser ces nouveaux projets. »
Lors de la 6ème conférence du marché du nickel en Asie (organisée par Metal Bulletin) ayant lieu à Jakarta au mois de septembre 2018, Xiao FU, Chef du Département stratégique chinois du marché des produits de base a présenté les prévisions d’évolution du marché des batteries, indiquant une progression estimée de 20 à 60% d’ici 2030 des demandes de nickel pour batteries.
Com SMSP : « Quel est selon vous le poids de la Chine dans le commerce du nickel ? »
BHL : « La Chine est un pays très important pour l’industrie du nickel car elle produit et consomme environ 50% du nickel mondial »
« La Chine a récemment augmenté l’emploi du « scrap metal », ce qui pourrait entrainer la réduction de sa consommation de nickel. Je pense que nous devons surveiller de près l’évolution du taux d’utilisation du scrap metal dans la production de l’acier inoxydable chinois. »
Selon le journal spécialisé Metal Bulletin (du 12 novembre 2018), la production d’acier inoxydable en Chine devrait atteindre environ 26 millions de tonnes fin 2018. Quant à l’utilisation du scrap metal (ou débris d’acier inoxydable), son volume de consommation a augmenté par rapport à 2017 et représente 16 à 18% des matières premières. Cette croissance de la consommation est due à l’interdiction par la Chine de produire un acier de moindre qualité. Cette mesure a par conséquent permis l’ouverture du marché au scrap metal.
« Malgré l’utilisation croissante du scrap en Chine, sa part de marché reste toujours très inférieure à celle du marché extérieur, qui représente généralement entre 60 et 80% », a déclaré Xu Aidong, Chef Analyste de Beijing Antaike Information.
Com SMSP : « Comment se passe votre séjour à Nouméa? Et que pouvez-vous dire de la différence de culture ? Apprendre le français… »
BHL : « L’importance du français et du multilinguisme à la NMC »
« J’ai eu de la chance, car j’ai eu de nombreuses occasions de travailler avec le personnel calédonien et de visiter la NMC avant mon affectation ici. J’ai pu ainsi m’adapter à ce nouvel environnement sans trop de mal.
J’apprends le français, mais ce n’est pas une langue facile en raison de la grammaire très compliquée ainsi que la prononciation des mots. Cependant, je connais l’importance de cette langue pour travailler chez NMC, alors je ferai de mon mieux pour apprendre le français, même si cela est susceptible de prendre du temps. »
Com SMSP : « Quel est votre point de vue sur la situation actuelle de NMC ? »
BHL : « La priorité de la NMC : augmenter la production et limiter les coûts »
« Tout d’abord, j’apprécie tous les progrès réalisés par la Direction et le personnel de la NMC au cours des dernières années. Cependant, je crois que NMC devra encore s’améliorer pour pouvoir survivre. Je pense que le point le plus important est l’augmentation de la production et que celle-ci est étroitement liée au coût de production et à la teneur en nickel. NMC doit se concentrer davantage sur une augmentation et une stabilité de sa production pour limiter ses coûts.
Dès que NMC aura atteint une stabilité de production et une bonne rentabilité, elle pourra résoudre ses problèmes financiers.
J’espère que tous les employés et sous-traitants comprennent la situation actuelle et soutiennent la NMC dans la montée en puissance de sa production. »
Com SMSP : « Quels défis pensez-vous que NMC devra relever dans les 5 ou 10 prochaines années ? »
BHL : « Le défi le plus important concerne le remboursement des dettes lorsque les cours du LME sont bas. Un plan de remboursement important est prévu pour les 5 à 8 prochaines années, avec un objectif de diminution des coûts de production.
NMC devra faire un bénéfice suffisant pour rembourser ses dettes selon les échéances prévues. Par conséquent, une gestion financière rigoureuse sera notre plus grande priorité durant cette période. »
Com SMSP : « Malgré l’éloignement géographique, quels sont les moyens que vous préconisez, vous et la Direction de NMC, pour rapprocher et / ou améliorer la communication entre NMC et SNNC ? »
BHL : « NMC et SNNC doivent se considérer comme appartenant à une seule et même entreprise »
« Je pense que la solution principale aux problèmes éventuels de communication est la recherche constante d’une meilleure compréhension mutuelle. Du point de vue de SNNC, il sera difficile de comprendre NMC en raison des différences culturelles et du contexte de travail très différent. Pour améliorer les relations entre les deux sociétés, nous devons créer plus de possibilités de rencontres afin de se comprendre, d’échanger et de discuter des problèmes entre ces deux entreprises.
En outre, NMC et SNNC doivent se considérer comme faisant partie d’une seule et même entreprise. Si chacune des deux sociétés se focalisent uniquement sur la réalisation de bénéfices, il sera difficile d’atteindre cet objectif. »
BHL : « Merci au personnel NMC »
« Je voudrais remercier sincèrement le personnel de NMC pour l’accueil chaleureux qu’il m’a réservé et pour son hospitalité. Mon message à chacun d’eux : Faisons de notre mieux pour bâtir une NMC solide et en bonne santé financière ! »
Didier Ventura, Président de NMC affirme : « J’aime travailler avec M. Lim, parce qu’il apporte une rigueur propre à notre partenaire coréen, tout en ayant conscience des différences culturelles. C’est un sportif, ce qui implique à la fois un goût de l’effort, et le respect des autres. »