Une terre de nickel

La Nouvelle-Calédonie

La Nouvelle-Calédonie est historiquement et avant tout connu comme la terre du nickel.

En effet, la Nouvelle-Calédonie possède 25% des ressources connues de nickel dans le monde, et 9% des réserves de nickel et depuis sa découverte en 1774, la Nouvelle-Calédonie a développé une activité minière du nickel prépondérante.

Deux types de minerais sont exploités en Nouvelle-Calédonie :

  • La latérite, minerai oxydé, est une terre de couleur rouge brique résultant de l’altération de la roche contenant du fer. Les latérites ont une faible teneur en nickel (moins de 2%), c’est donc le volume traité qui rend l’exploitation rentable et intéressante pour les opérateurs.
  • Les saprolites, appelés garniérites en Nouvelle-Calédonie*, sont issues de la décomposition partielle de la roche-mère, la péridotite.  Elles se trouvent sous les latérites et sont beaucoup plus riches en minerai de nickel (entre 2,5 et 3%).

D’autres ressources sont également présentes en Nouvelle-Calédonie : de l’or, du cuivre, du cobalt, du chrome ou encore du charbon et du manganèse. Certains de ces minéraux ont été exploités dans les années 1870 sur des périodes courtes à épuisement des gisements. Seul le nickel est demeuré une ressource susceptible de générer une activité suivie et rentable.

* En hommage à l’ingénieur Jules Garnier qui en avait découvert une forme particulière.

L’exploitation du nickel : activités directes et indirectes

L’exploitation du nickel en Nouvelle-Calédonie est en premier lieu rattachée à la SLN, Société Le Nickel, entreprise emblématique du territoire. Ce sont les premiers qui extraient le nickel et tente de le transformer avant de l’exporter en brut vers l’Europe. En 1930, la SLN s’associe avec Ballande pour rationaliser la production et concentre la transformation métallurgique sur l’Usine de Doniambo.  La SLN se modernise et acquiert des moyens de mécanisation et de production modernes. Elle intègre en 1994 le groupe français ERAMET.

L’exploitation du nickel prend encore un autre tournant dans les années 2000, avec d’abord la sortie de terre de l’Usine du Sud à Goro exploité par le groupe Vale (2010), et ensuite la sortie de terre de l’Usine du Nord à Vavouto exploité par Koniambo Nickel SAS (KNS) société détenue à 51% par la SMSP, Société minière du Sud Pacifique, et par le groupe anglo-suisse Glencore.

Dans le même temps, un autre partenariat est signé, celui de la SMSP avec le géant coréen de l’acier, POSCO. De ce partenariat émerge tout d’abord la montée en capacité de la NMC, la Nickel Mining Company, également filiale à 51%de la SMSP, qui extrait le minerai pour approvisionner une usine en Corée du Sud, SNNC, Société du Nickel de Nouvelle-Calédonie, dans laquelle la SMSP est actionnaire à 51%.

Ce sont donc désormais 3 usines qui sont fonctionelles sur le territoire de la Nouvelle-Calédonie :

  • SLN, Société Le Nickel située à Doniambo et dont les sites d’approvisionnement sont situés sur l’ensemble du territoire calédonien. Le minerai est transformé en lingot de ferronickel via un procédé pyrométallurgique.
  • PRNC, Prony Resources New Caledonia située à Goro sur la côte Est de la Province Sud. Le procédé utilisé est un procédé de type hydrométallurgique qui permet de traiter la latérite faiblement concentrée en nickel. Le site possède la plus grosse usine de production d’acide au monde. Le minerai est extrait à Goro même, et il est convoyé sous forme de pulpe vers les installations de l’Usine en contrebas par le biais d’une conduite.
  • KNS, Koniambo Nickel située à Vavouto, dans la commune de Voh, en Province Nord. Le procédé utilisé est un procédé pyrométallurgique adapté notamment à la haute teneur en nickel du minerai extrait sur le massif du Koniambo.

Dans le monde du nickel calédonien, il est vital également de comprendre le fonctionnement des opérateurs entre eux.

En effet, à côté de ces trois gros ensembles miniers et métallurgiques, les tâcherons et les mineurs jouent un rôle majeur dans l’industrie minière.

Les tâcherons en premier lieu sont des entreprises d’extraction de minerai qui ne possède pas de titres miniers, ce sont des sous-traitants mobilisés par les gros opérateurs pour extraire du minerai. Les mineurs pour leur part possèdent des titres miniers et exploitent ces derniers. Ils exportent ensuite leur production vers leurs clients. Parmi les mineurs ont compte notamment de grands noms comme Ballande et ses filiales (SMT, SMN etc.), Montagnat ou Mai Kouaoua Mine. 

En plus de ces intervenants directs dans l’extraction de nickel, cette activité donne lieu à un volume de sous-traitance massif pour : la fourniture de repas, la réalisation de roulage de minerai (contrat de roulage avec des sociétés ou des patentés), les analyses de laboratoire, les contrats de maintenance etc.

Le nickel est donc une activité directe, mais aussi un générateur d’activités induites par l’exploitation. De plus, depuis plusieurs générations maintenant, le travail dans la Mine est devenu une source incontournable de richesse pour des familles qui y travaillent littéralement de père et mère à fils et filles.

En effet, une des grandes particularités de l’activité nickel en Nouvelle-Calédonie, c’est sa féminisation par comparaison avec d’autres industries. Ainsi la part des femmes dans les entreprises minières, incluant les sous-traitants, peut aller jusqu’à 30% particulièrement dans les grosses structures. Plus encore certains emplois tels que conducteurs d’engins se sont féminisés.

La part du nickel dans l’économie de la Nouvelle-Calédonie

Le nickel occupe une place prépondérante dans l’économie de la Nouvelle-Calédonie, et impacte directement ou indirectement toutes les autres composantes de l’économie et de la société calédonienne. D’une certaine façon la Nouvelle-Calédonie vit au rythme de l’exploitation du nickel/ Ainsi les journées commencent tôt entre 4 :00 et 6 :00 du matin, heure à laquelle il est très commun de trouver beaucoup de monde dans les stations-services avant que chacun rejoint son site, son usine, son atelier etc.

Ainsi le secteur nickel représente en 2022 9% de la valeur ajoutée, une part qui peut atteindre 18% lorsque les cours du nickel sont hauts et que l’activité n’est pas impactée par les aléas météorologiques ou par des conflits sociaux.

Le secteur du nickel représente jusqu’à 25% de l’emploi privé en incluant les emplois induits (sous-traitance).

Ainsi, les secteurs du BTP et des services bénéficient directement de l’activité du nickel. Parmi les activités induites liées au nickel, il y a notamment les laboratoires d’analyse des échantillons, les entreprises de maintenance et de travaux (soudures, nettoyage industriel), les entreprises de location de véhicules, la restauration de groupe ou encore toutes les activités patentées en création, communication, administratif, comptabilité etc. De plus en termes de fourniture de matériels, beaucoup d’entreprises fonctionnent également sur la base des besoins des entreprises qui interviennent pour le compte des exploitants nickel.

En Nouvelle-Calédonie, en dehors du nickel et de ses activités induites, la pêche et le marché de la crevette sont également des activités économiques importantes pour le territoire. L’agriculture et l’élevage également. Cependant, en dehors de la crevette, ces activités ne donnent pas ou peu lieu à de l’exportation.

Afin de saisir les principaux facteurs de développement économique en Nouvelle-Calédonie et les secteurs porteurs, il est fortement conseillé de consulter les sites suivants :

  • ISEE _ Institut de la statistique et des études économiques Nouvelle-Calédonie
  • IEOM _ Institut d’émission d’Outre-Mer. Il publie régulièrement des études et des rapports sur la santé financière de la Nouvelle-Calédonie, les secteurs porteurs, les conjonctures etc. Les rapports sont en libre accès.

Il est également conseillé de consulter les sites de :

  • MEDEF _ Mouvement des entreprises de Nouvelle-Calédonie
  • CCI _ Chambre de commerce et d’industrie de la Nouvelle-Calédonie

Les pages LinkedIn de ces organismes sont particulièrement actives, il est donc conseillé de s’y abonner.